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  • 06/03/2023
  • Actualité

Journée européenne de la logopédie


"20 000 enfants en situation de pauvreté sont privés d'opportunités d'emploi à cause de l'accord sectoriel sur la logopédie".

"Nous constatons à la Fondation Pelicano que les parents ne dépensent pas seulement moins pour les activités extra-scolaires et les vêtements, mais aussi pour les soins paramédicaux, comme la logopédie. Le nouvel accord sectoriel pour les logopèdes, qui peut sembler anodin à première vue, créera un énorme effet secondaire à long terme."

L'organisation de lutte contre la pauvreté infantile Fondation Pelicano : "20 000 enfants en situation de pauvreté sont privés d'opportunités d'emploi à cause de l'accord sectoriel sur la logopédie".

En juin 2022, le ministre fédéral de la santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) a finalement donné son feu vert à la nouvelle convention sectorielle des logopèdes pour 2022 et 2023. Toutefois, l'accord ne prévoyait pas d'augmentation de tarif d'environ cinq euros, ce que les logopèdes réclamaient. Une grande partie des logopèdes n'a donc pas accepté cet accord. Selon le VVL (Association flamande des logopèdes), 31 % des logopèdes envisageaient de se déconventionner. Finalement, près de 70% des logopèdes flamands se sont déconventionnés. C'est le seul moyen pour eux de fixer leurs honoraires et de maintenir la viabilité financière des cabinets. Après tout, la vie est devenue plus chère pour eux aussi. En Wallonie et à Bruxelles, on assiste au même mouvement : en juillet dernier, 50 % d'entre eux s’étaient déjà déconventionnés.

Que cela signifie-t-il en chiffres ? Avec les tarifs d'avant l'accord, la co-participation était de 5,50 euros pour une demi-heure de thérapie. Pour survivre, certains logopèdes déconventionnés ont dû augmenter leurs honoraires, ce qui pourrait faire doubler ce montant à 10,50 euros. C'est inabordable pour beaucoup de gens - mais ce sont les enfants en situation de pauvreté qui en font les frais. Parce que le conseil des ministres a pris cette décision de son propre chef, 20 000 enfants voient leurs chances d'avoir un avenir brillant et réussi considérablement réduites.

En effet, on compte chaque année en Belgique quelque 5,5 millions de séances de thérapie pour 4 300 personnes souffrant de problèmes de parole. 84 % d'entre elles sont des enfants de moins de 14 ans. De plus, des troubles comme la dyslexie ou le bégaiement ne se résolvent pas en un mois. Il s'agit d'années de traitement. Cela représente rapidement huit séances par mois. Au lieu de 40 euros par mois, ces parents devraient donc débourser jusqu'à 85 euros par mois. Par an, cela représente 1 020 euros, soit presque un salaire mensuel pour de nombreuses personnes.

Les parents qui ne sont pas aisés se rabattent souvent sur le filet de la sécurité sociale, bien développée en Belgique pour les soins médicaux. Comme celui-ci est partiellement supprimé pour la logopédie, ces familles réduisent fortement leurs dépenses. De plus, de nombreux domaines d’intervention des logopèdes ne sont pas pris en charge dans la nomenclature. De ce fait, un enfant autiste, trisomique, présentant un trouble alimentaire ou un handicap mental ne pourra pas du tout profiter du remboursement de la mutuelle. Cela creuse encore plus le fossé des inégalités.

À la Fondation Pelicano, nous constatons qu’à cause de la suppression de ce filet de sécurité, les familles dépensent moins non seulement pour les activités extrascolaires et les vêtements, mais aussi pour les soins paramédicaux, comme la logopédie. Une décision qui, à première vue, n'a pas beaucoup de conséquences, mais a un effet d'entraînement considérable à long terme.

Les enfants qui interrompent précocement leur thérapie connaissent des problèmes psychologiques et sociaux à court et à long terme. Les aptitudes à la communication verbale dans l'enseignement, comme les présentations par exemple, sont beaucoup plus difficiles pour les élèves ayant un problème de parole non résolu. À long terme, les enfants qui grandissent sans le traitement d’un logopède souffrent toujours de leur trouble de la parole. Par exemple, ils sont discriminés sur le marché du travail ou ne bénéficient pas de promotions. (1)

Cependant, lorsque les enfants peuvent être correctement traités dès leur plus jeune âge, ils ne bégaient plus 15 ans plus tard et peuvent même devenir des locuteurs fluents. En particulier, le groupe d'enfants traités entre un et six ans bégaie nettement moins que lorsqu'ils reçoivent un traitement plus tard. (2) S'ils ne peuvent rien faire pour leur problème d'élocution jusqu'à l'âge adulte, celui-ci ne disparaît jamais à 100 %.

En Belgique, plus d'un demi-million d'enfants grandissent dans la pauvreté, dont 43.000 dans l'extrême pauvreté. La Fondation Pelicano a déjà aidé un total de 3.045 enfants. Cela signifie que si ces enfants peuvent être aidés, ceux qui restent dans l'ombre doivent encore se débrouiller seuls. C'est pourquoi, en cette journée européenne de la logopédie, la Fondation Pelicano appelle le conseil des ministres et l'association sectorielle à entamer un dialogue afin de trouver une solution pour sortir de cette impasse. Un nouvel accord est négocié cette année. Cette fois, faisons en sorte qu'il y ait un accord que toutes les parties prenantes partagent. Car cela ne peut que profiter aux enfants en situation de pauvreté et, à plus long terme, à la société dans son ensemble.

Christiaan Hoorne, directeur général de la Fondation Pelicano.

 

(1) ”The influence of workplace discrimination and vigilance on job satisfaction with people who stutter”

(2) Effets de la thérapie comportementale cognitive sociale pour le bégaiement : influence de l'âge, du sexe, de la gravité initiale du bégaiement et du tempérament.

 

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